Par Hubert Didier Madafime
« We, the children of Africa » (Nous, ) est un appel qui va résonner dans le ciel africain en juin 2015, lors du sommet de l’Union africaine. Le même écho sera entendu à Paris six mois plus tard, au cours des négociations sur le climat. Il s’agit bien d’une manière spéciale pour les enfants du continent africain d’interpeller les décideurs, à travers le monde, sur les dangers imminents et presque irréversibles que les changements climatiques font peser sur leurs conditions de vie. C’est un concept développé par l’ANEJ, African Network Environmental Journalist, le Réseau Africain des Journalistes pour l’Environnement qui entend ainsi attirer l’attention de la planète pour un meilleur accord à la COP 21.
54 enfants de 12 à 15 ans, garçons et filles, habillé chacun dans sa tenue nationale, représentant les 54 pays d’Afrique, viendront délivrer devant les Chefs d’Etats Africains début juin 2015 en Afrique du Sud, au cours du sommet ordinaire de l’Union africaine, un discours-message destiné à la COP 21 de Paris. Identifiés parmi les enfants des réfugiés climatiques et de peuples indigènes, les enfants viendraient de contrées particulièrement affectées par les changements climatiques. Par exemple les enfants Touaregs des régions désertiques ou les jeunes Fulanis de la RCA ou du Nord Nigeria (filles victimes entres autres de Boko Haram) ou encore les jeunes filles de Somalie, des tribus de pêcheurs du Golfe d’Aden. Sans oublier bien sûr les enfants des zones forestières du Bassin du Congo.
Un speech de 10 minutes maximum prononcé par un enfant. Un cri d’alarme d’enfants soucieux de leur avenir ; inquiets qu’ils sont du legs que leur laissent les aînés ; exigeants des résultats concrets à la COP 21 de Paris. Les discours seront prononcés dans les 3 langues de l’Union africaine (Anglais, Français et Arabe) et dans la mesure du possible par le même enfant. Ceci pour montrer la maturité précoce des enfants et provoquer l’admiration et la solidarité du monde pour le message.
Avant le discours, un film court métrage (10 mn) sera proposé à la projection devant les Chefs d’Etats. Il présentera de façon concise certaines statistiques de l’enfance face aux différents aspects du changement climatique (évolution de l’espérance de vie, maladies liées à la question, les enfants et la rareté de l’eau et/ou désertification, exode des enfants lié à l’environnement, échecs scolaires liés à la même question etc…).
A l’issue du discours, une déclaration intitulée :
« Nous, Enfants d’Afrique…; Vous, Décideurs du Monde… »,
« We, the Children of Africa …; You, World Leaders … »,
sera remise à l’assistance et tout particulièrement à la presse. Sa substance consiste en une mise en garde de voir Paris 2015 ressembler à Copenhague 2009 et surtout de voir l’Afrique laissée pour compte dans la crise climatique. Ce sera aussi un Appel aux enfants des autres continents à se mobiliser pour leur avenir. Dans la mesure du possible, un enfant de chaque continent sera invité pour assister à cette cérémonie en Afrique du Sud, comme l’expression d’une solidarité générationnelle.
Un groupe de 20 adolescents sera sélectionné pour se rendre à Paris durant la COP 21. Ils seront en binôme avec 20 journalistes d’ANEJ également invités pour couvrir pour l’Afrique la COP21. Chaque journaliste couvrira la conférence en tenant compte de la perception et du regard de l’enfant qui l’accompagne : son immersion dans cette gigantesque manifestation, ses solutions pour se faire entendre, sa compréhension des ficelles des négociations, etc…
On ne saurait faire meilleure couverture pour les populations du continent que de mettre au centre de son reportage les premières victimes potentielles de la crise climatique que sont les enfants. RFI qui est le média le plus écouté en Afrique sera également mis à contribution pour mettre en valeur la présence de ces enfants à Paris. Sur le site même au Bourget il sera implanté un stand avec l’intitulé du projet : « We, the Children of Africa … ». Il y sera diffusé le film réalisé par une maison de production professionnelle sur le processus de mise en œuvre du projet en question, ses différentes étapes (sommet en Afrique du Sud de Juin), et distribué à grande échelle en DVD, dans au moins 2 langues (Français et Anglais.) De même que sera diffusé une ou des plaquettes faisant la promotion du projet.
Objectif affiché : influencer les décideurs du Monde afin de créer une réelle volonté politique de sauver notre planète de la dégradation galopante des éco systèmes. Les échecs répétés des négociations sur le climat de Copenhague 2009, Cancun 2010, Durban 2011 et d’autres ne doivent ni décevoir nos espérances, ni faire accepter la fatalité de l’échec.
Cette mobilisation des enfants d’Afrique qui est une initiative de l’African Network of Environmental Journalists (ANEJ) s’inscrit en droite ligne dans notre stratégie d’explorer les voies et moyens susceptibles d’aider à une prise de conscience des décideurs du globe par rapport à l’urgence d’un accord contraignant sur le climat. Les médias ont à ce titre un rôle essentiel et déterminant dans la prise de conscience à la fois des gouvernants pour une réelle volonté politique de changement, et des gouvernés, pour le changement des comportements.
Est, Ouest, Nord ou Sud, Etats développés ou pays pauvres : les dérégulations du climat n’épargne aucune région du monde. Le Sud est certes plus vulnérable, mais le Nord et le Sud ont un destin commun. L’accent dans la campagne média sera mis sur ce qui nous unit (menaces climatiques communes, destin commun) plutôt que sur ce qui peut nous diviser (Nord-Sud, pays pauvres, pays riches, etc..).
Evoquant les raisons d’une telle initiative, le Président de l’ANEJ Sidi El Moctar Cheiguer a fait observer que s’il est un défi majeur que l’humanité doit absolument relever en ce 21éme siècle, c’est bien celui de la lutte contre le réchauffement de la planète. Devant le risque d’emballement de la machine climatique aux conséquences incalculables pour l’humanité, jamais notre planète n’a autant été vulnérable. Pour l’Afrique, insiste le Président de l’ANEJ, l’incertitude est encore plus grande : continent le plus affecté par le dérèglement du climat, il est aussi le moins outillé pour s’y adapter. Devant ce danger majeur, l’Afrique, conclut Sidi El Moctar Cheiguer, doit absolument pouvoir peser sur les négociations préparatoires de la très attendue COP 21 de Paris. Pour y arriver, rien de mieux que de placer les enfants au cœur de ce combat.
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